Grossesse : le temps du repos

07:30

En début du 6ème mois de grossesse, il a été temps pour moi de ranger mon bureau, d'organiser mes dossiers et de récupérer mon mug Grincheux. Le temps du repos est arrivé et avec lui un sentiment auquel je ne m'attendais pas : la culpabilité.

arret maladie et sentiment de culpabilité pendant la grossesse

Depuis le début, j'ai la chance d'avoir une grossesse sans complication. Je sais que c'est loin d'être le cas de toutes les futures mamans et je mesure ma chance de pouvoir répondre à une question régulière par un " oui, tout va très bien merci".

Comme tout est nouveau pour moi, j'ai pris le parti d'accepter chaque petit symptôme comme étant tout à fait normal. Les douleurs de sciatique : normale ; les crampes aux doigts de pieds : normales, la fatigue : normale , les brûlures d'estomac : normales etc. 

Quand j'ai commencé à avoir mal au ventre, j'ai pensé que ça aussi c'était normal. A mon retour de vacances, j'ai repris mon travail et les douleurs ont commencé. La posture assise sur ma chaise de bureau en position d'écoute face aux personnes que j'accompagnent ne me faisait pas du bien du tout. Après chaque heure d'entretien quand je me relevais, j'avais l'impression que mon ventre était une boule de papier qu'on avait froissée très fort et qu'on essayait de réétirer. Le premier jour de reprise, j'ai même pu identifier une première contraction en étant assise. Mais eh! A 4 mois et demi de grossesse les contractions de ce type sont tout à fait normales non?! Et puis la semaine a continué. J'avais mal en étant assise, mal en me relavant. J'ai commencé à avoir mal en marchant, je devais me tenir le bas du ventre parce qu'il devenait dur et lourd et que j'avais l'impression qu'il me brulait. Mais eh, c'est pas les douleurs ligamentaires ça?! Normal donc.
Chaque soir, il me fallait me coucher une bonne heure, jambes surélevées pour pouvoir détendre mon ventre et atténuer les sensations de brulures et de tension.

Quand je suis arrivée tranquillement à mon rendez-vous du 6ème mois auprès de ma sage femme, elle m'a posée la fameuse question : "Tout se passe bien?" et par réflexe j'ai répondu l'éternel " Oui très bien merci!".
Et puis je me suis quand même dit que ça pourrait être intéressant de lui parler de mes douleurs et de savoir s'il existe des étirements ou des postures qui pourraient les soulager. Au fur et à mesure que je les lui ai décrites j'ai compris que j'avais du me planter quelque part... " Mais ce dont vous me parlez, ce sont des contractions." Oh ba non! Les contractions c'est quand tout le ventre devient dur comme du béton, non? Et là, quand la sage-femme vous explique très gentillement que les contractions s'arrêtent là où s'arrêtent l'utérus ( logique) et qu'en l'occurrence l'utérus en question actuellement monte juste à quelques centimètres du nombril... Donc je contracte tous les jours depuis 15 jours, le tout de manière douloureuse, sans avoir été incapable de m'en rendre compte... je vous laisse simplement imaginer la tête que j'ai pu faire.

Je me suis sentie nulle, mais nulle! Alors, ma sage-femme n'a absolument pas été culpabilisante bien au contraire mais moi là dedans je me suis juste dit que j'étais à côté de la plaque.



S'en est suivi le fameux "Donc, on va s'arrêter là maintenant". Et ma tête d'éberluée qui ne comprend pas de quoi on lui parle. S'arrêter de faire quoi? Me voilà au début du 6ème mois et on me parle d'arrêt de travail. Et moi la seule chose à laquelle je pense c'est que je ne peux pas. Je n'ai pas encore eu le temps de préparer mes relais, ni mes dossiers, ni mes patients. Je pensais tenir au moins jusque début juillet. J'ai négocié 3 jours de travail supplémentaires pour me permettre d'organiser un peu ma future absence et puis je suis rentrée chez moi.

Et j'ai continué à me sentir complètement nulle. Comme si j'avais échoué quelque part. Je n'ai pas réussi à "tenir". J'avais l'impression que comme mon bébé allait bien et que mon col ( désolée du détail) n'avait pas bougé, peut être que mes contractions n'étaient pas une raison suffisamment valable pour m'arrêter. Est ce que je n'avais pas assez essayé? 

A présent, quand je me lis, je me dis que ma réaction est tout sauf ce à quoi je m'attendais de ma part. Je savais pourtant que si une amie c'était retrouvée dans la même situation, je lui aurai dit à quel point elle n'avait pas à se sentir coupable. A quel point l'important c'était elle et son bébé et qu'il fallait qu'elle s'accorde ce temps pour ce concentrer sur l'essentiel. Que le travail serait toujours là à son retour et que "tenir" ne lui donnerai droit à aucune médaille. 

Mais à ce moment là, je serai incapable de vous dire pour quoi je me suis sentie aussi mal. Je craignais la réaction de mes collègues, d'avoir à me justifier. J'étais un peu assommée.

Et puis, heureusement mon entourage m'a dit exactement ce qu'il me fallait entendre et m'a aidée à ouvrir les yeux. A prendre du recul et à me rendre compte qu'il était temps pour moi d'écouter mon corps et de lui donner le coup de pouce nécessaire pour l'aider, excusez-moi du peu, à fabriquer ce bébé dans les meilleures conditions possibles.

Pour achever tout sentiment de culpabilité, mon retour au travail pour 3 jours s'est accompagné d'une extrême bienveillance de la part de mes collègues et de méga douleurs malgré tous les aménagements possibles et imaginables de mon poste de travail. Là, il n'y avait plus d'hésitation possible, il était temps de remballer!

Cela fait à présent une semaine que je suis à la maison et heureusement mon état d'esprit a bien changé depuis! Je pense que je n'étais simplement pas préparée et que j'ai été surprise. Je n'ai pas vraiment contrôlé ce que j'ai pu ressentir. La grossesse est quelque chose de tellement nouveau et on peut être parfois tellement exigeant vis à vis de soi même. Comme s'il s'agissait d'une performance. Comme si la femme enceinte moderne devait être absolument en pleine forme parce que, Eh, la grossesse c'est pas une maladie hein?! Oh comme j'ai pu l'entendre celle-ci. Alors, non ce n'est pas du tout une maladie mais il ne faudrait pas que cette phrase nous donne l'impression que l'on doit mener sa vie comme si rien n'était en train de se produire. 

Depuis que je suis au repos, mes douleurs se sont bien atténuées tout comme mon sentiment de culpabilité. Je vais utiliser ces quelques mois pour être à l'écoute de mon corps et de mon p'tit mec pour lui donner tout ce qu'il m'est possible pour qu'il puisse venir au monde dans les meilleures conditions. 

On va prendre notre temps, trouver notre routine bien-être au quotidien et dévorer des dizaines de livres! ;)






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17 commentaires

  1. Je fais énormément de route pour aller travailler (3h de voiture par jour) et depuis la moitié de ma grossesse tout le monde me disait de demander un arrêt. Comme toi j'ai beaucoup rechigné, pour finalement tenir jusqu'à une semaine avant les congés patho, avec l'impression d'abandonner mon boulot et de n'être pas assez courageuse. Honnêtement quand je vois à quel point je suis encore fatiguée aujourd'hui, et les douleurs que je peux avoir, je regrette de n'avoir pas su lâcher prise plus tôt !
    Essaie de profiter au maximum de ces moments de repos, tu les mérites amplement.

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    1. Merci beaucoup Mylia. "Ne pas être assez courageuse" c'est tout à fait ce que j'ai pu penser! Et puis cela fait une semaine que je suis arrêtée et vu la quantité de pauses et de temps allongée que je m'accorde des que ca commence à tirer je me dis que je n'ai vraiment rien à regretter. Ou en es tu dans ta grossesse? :)
      Merci beaucoup pour ton partage en tout cas et plein de bonnes choses à toi!

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  2. Ohlala, je suis contente que cette vilaine culpabilité soit derrière toi maintenant. Tempête émotionnelle, c'est difficile tout ça. Prends bien soin de toi et de vous ❤️

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    1. Oh merci Alex, tempête émotionnelle ce sont bien les mots. Tu sais que tu ne devrais pas ressentir ça mais tu ne contrôles pas tes sentiments. A présent je suis tellement paisible!

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  3. Prends soin de toi, je continue à suivre ton blog avec intérêt vu que j'espère que dans quelques mois ce sera mon tour ;)

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    1. Je croise très fort les doigts pour toi Emilie! Je te souhaite beaucoup de bonheur

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  4. Je crois que j'aurais pu écrire cet article (d'ailleurs j'avais déjà commencé à en rédiger un) à la différence près que je n'ai pas (encore?) été arrêtée.
    Je suis aussi du genre à dire que "oui oui tout va bien" quand le gygy ou la sage femme me demandent comment ça va en début de rdv. Je suis à 6 mois de grossesse demain et je suis aussi en position assise toute la journée et je rentre complètement cassée chez moi le soir (le dos endolori, les jambes comme comprimées). Et j'ai des douleurs dans le bas ventre que je suis obligé de tenir pour tenter de me soulager... est ce que je n'aurais pas moi aussi omis de penser à des contractions ?
    En tout cas grâce à ton article je vais en parler à mon prochain rdv ! (mais j'espère quand même ne pas m'arrêter pas forcément par culpabilité par rapport à mon emploi, mais plutôt car je ne sais pas "rien faire")

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    1. Bonjour Nancy,
      J'ai écrit cet article exactement dans ce but parce que sais que cette phase est floue. On nous donne les dates du congés mat ( 6 semaines avant l'accouchement) et on se dit que c'est donc normal d'aller jusque là. Et puis la grossesse avance et là tu te demande si c'est toi qui n'y met pas du tien ou s'il faut vraiment t'arrêter. Si je peux me permettre avec ma petite semaine de recul : tu ne t'ennuieras pas. Tu te mets à passer tes journées en prenant ton temps pour tout et finalement elles défilent vite quand tu écoutes ton corps. Je rajouterai ce que ma gynéco qui a signé ma future prolongation m'a dit " En obstétrique, tout ce qui est perdu n'est pas récupérable". A partir du moment où des douleurs se déclenchent dans certaines circonstances alors ce n'est pas parce que tu te reposes à fond pendant le week end que tu repars du bon pied le lundi. Le lundi tu auras à nouveau mal. Autant j'ai rechigné autant je t'assures que je ne regrettes absolument pas! Je suis enfin au rythme de mon corps et qu'est ce que ça peut faire du bien!
      Je te souhaite un excellent début de troisième trimestre :*

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  5. Ca te va bien en tout cas la maternité, tu es toute belle !

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  6. Et oui ma chérie on a déjà eu l occaz d en parler regarde je n ai pas écouter les docs je n ai pas écouté mon corps résultat j ai pas vécu 1 Fin de grossesse normale je n ai pas connu le vrai accouchement et mon bébé et moi avons fais connaissanc qu au bout de qques jours et le hasard a fait que c fait ta maman qui était la en réa pour m aider à avancer et pas culpabiliser alors profite comme tu le fais et du calme mdr bisous ma belle

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  7. je connais ce sentiment. Je commence tout juste mon 7eme mois. je dois donc tenir encore jusqu'au 15 juillet pour être en arrêt. Et pourtant je sens que je suis fatiguée mais pour moi pas au point de m'arrêter. Mais je les entends ces voix "Tu as l'air crevée" "ca va toi ? tu as une petite mine" "on sent que c'est dur aujourd'hui".

    Oui quand je rentre chez moi, je suis contente de retrouver mon canapé. Mais à coté de ça, je n'ai pas ces douleurs au ventre comme tu les décris. Alors comme j'aime mon trvail, je m'accroche, je me couche tot et je verrai bien combien de temps je vais pouvoir tenir. J'ai rdv chez ma sage femme le 20/06, et ma 3eme echo le 29/06 (soit quasiment à la date de mon congé patho.

    Advienne que pourra, pour l'instant je n'ai pas mal alors je continue !

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    1. Ah Caro, ce n'est pas évident de savoir vraiment où on se situe. Ton rdv avec la sage femme sera l'occasion de faire le point sur ton état de fatigue. Si aller au travail te fait du bien et t'aide à te maintenir active après tout! Mais si tu sens que chaque matin tu te dis allez encore une journée en prenant une bonne bouffée d'air c'est peut être que là, ta fatigue n'a pas besoin de contraction. Elle se suffit à elle même! En tout cas courage à toi et très belle suite de grossesse. Tiens moi au courant :)

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  8. Je suis actuellement enceinte d'un peu plus de six mois.
    Pour ma part, je conduis un 44T et je me suis vue arrêter de conduire des le troisième mois de grossesse pour d'intenses douleurs dans le bas du dos (notamment dut au fait que je reste assis dans mon camion et que j'en monte et descend sans arrêt).

    J'ai été comme toi, déboussolée car je me suis demandée, pourquoi?
    Pourquoi aussi tôt?
    J'aurai aimé tenir comme toi jusqu'au sixième mois, mais pas de chance, il a fallu que j'arrête bien plus tôt... Et comme c'est long d'occuper ses journées, mais j'ai la chance d'avoir plusieurs animaux à m'occuper quotidiennement (dont des chevaux) et la aussi, je vois bien que c'est de plus en plus dur. Dernièrement, j'ai eu les mêmes sensations que toi, douleurs bas-ventre assis et debout à m'en tenir le ventre, alors si ta sage-femme a dit que c'était des contractions... J'ai intérêt de me ménager VRAIMENT, car depuis mon arrêt, on va dire que j'en fais qu'à ma tête pour me ménager, je ne peux pas rester sans rien faire ^_^.

    Mais pour le bien-être de mon petit gars (comme toi), il va falloir que je relâche la pression!
    Bonne continuation dans ta grossesse!

    Bisous ♥

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    1. Ah c'est sûr qu'au début on voit tout ce qu'on faire à la maison. J'ai rien trouvé de mieux que de jardiner 3 jours après mon arrêt. Mon corps a été assez clair à ce moment là j'ai eu le droit à de jolies contractions en fin de journée... Et oui le repos et apprendre à ralentir quand on n'a pas l'habitude mais maintenant ça va mieux. On a les beaux jours pour nous accompagner et on peut prendre notre temps un peu pour tout. C'est ton 1er loulou à toi aussi?
      En tout cas prends bien soin de toi, capitalises un maximum ces semaines. Je me donne l'illusion que je lui transmets le plaisir du calme ahah ^^on ne sait jamais ;)
      Très belle suite de grossesse à toi et n'hésite pas à donner de tes nouvelles

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  9. Qu'est-ce que je t'aime parfois ! Plusieurs mois que les médecins me disent que je dois être en arrêt de travail et que je refuse parce que "tout va bien". Comme toi, tous les symptômes et les douleurs que j'ai pu avoir étaient normales. Et en fait, non. Ma dernière semaine de travail a été une difficile épreuve pour moi, à tel point que j'ai dû me rendre à l'évidence, je ne pouvais pas continuer. Et pourtant, j'ai bien tenu pendant 6 mois, je n'avais plus qu'un mois à tenir ! Je me sens tellement coupable de m'arrêter, à tel point que j'en ai pleuré. Mon médecin m'a dit qu'effectivement, ce que je décrivais était des contractions, et que j'avais trop tiré sur la corde, qu'il était maintenant temps de me mettre au repos. Je me sens bête, tout de même, de ne pas avoir su m'écouter plus tôt, pour le bien de mon bébé, mais tellement coupable de m'arrêter en si bon chemin. Et puis je me suis rappelée de ton article, et franchement, ça fait du bien de voir que je ne suis pas la seule à avoir eu ce sentiment. Alors je te remercie, toi et ta bienveillance ! Tu m'as remonté le moral !

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